La chlamydia est l’ITSS bactérienne la plus répandue au Québec, mais elle reste souvent mal comprise. De nombreuses fausses croyances circulent encore (allô, les rumeurs de bol de toilette!), ce qui rend difficile de distinguer le vrai du faux. Mieux comprendre cette infection et ses réalités, c’est aussi mieux se protéger et protéger ses partenaires.
Portrait de la chlamydia
La chlamydia reste l’ITSS bactérienne la plus fréquente au Québec. En 2022, selon l’Institut national de santé publique du Québec, 58 % des cas concernaient des femmes. Les jeunes de 15 à 24 ans représentaient pour leur part 52 % des diagnostics.
Les symptômes (ou leur absence)
La chlamydia passe souvent inaperçue : jusqu’à 70 % des personnes infectées n’ont aucun symptôme. Quand il y en a, ils apparaissent généralement 2 à 3 semaines après l’exposition, mais parfois plus tard, jusqu’à 6 semaines.
Quand des symptômes apparaissent, ils dépendent de la zone touchée, et peuvent inclure, mais ne se limitent pas à :
- Voies génitales : brûlure urinaire avant ou après les rapports sexuels, démangeaisons de l’urètre, odeurs ou écoulements inhabituels, saignements vaginaux inhabituels, douleur ou gonflement testiculaire
- Gorge : inconfort de la gorge
- Rectum : sécrétions anormales, douleur ou crampes, saignements, ulcérations
- Œil : rougeur, douleur, écoulements, démangeaisons
La bonne nouvelle, c’est que la chlamydia se soigne généralement assez facilement avec des antibiotiques. Les personnes ayant la chlamydia devraient prévenir leurs partenaires sexuel·les le plus rapidement possible. Cela permet non seulement d’éviter une réinfection avec des partenaires non traité·es, mais aussi de donner à ces dernier·es la possibilité de se faire dépister rapidement, de recevoir le traitement approprié et de prévenir d’éventuelles complications. Prévenir ses partenaires contribue également à limiter la transmission de l’infection à d’autres personnes.
Quand l’infection se complique
La chlamydia peut causer des complications, même en l’absence de symptômes. Chez les femmes, elle peut entraîner une maladie inflammatoire pelvienne qui augmente le risque d’infertilité ou de grossesse ectopique. Chez les hommes, elle peut causer une inflammation des testicules ou de la prostate, avec un impact direct sur la fertilité. L’infection peut aussi être à l’origine de douleurs abdominales chroniques ou d’une arthrite réactionnelle, une affection qui provoque des douleurs articulaires. Il est important de noter que la chlamydia augmente le risque d’attraper ou de transmettre le VIH.
Chlamydia : mythe ou réalité?
On entend souvent toutes sortes de choses sur la chlamydia… Certaines vraies, d’autres complètement fausses. Et avouons-le : on est parfois gêné·es de poser la question directement. Pourtant, ce sont des doutes que beaucoup de gens partagent. Alors, démêlons ensemble le vrai du faux.
Est-ce qu’on peut attraper la chlamydia d’un bol de toilette?
Non, on ne peut pas attraper la chlamydia d’un bol de toilette. La chlamydia a besoin de certaines parties du corps (comme le col de l’utérus, l’urètre ou la gorge) pour survivre. Sur un siège de toilette, la bactérie meurt rapidement. Donc, même si une personne infectée s’assoit juste avant toi, il n’y a pas de réel risque de transmission : la chlamydia ne survit pas sur un siège, ni sur la peau en contact avec le siège.
Est-ce qu’on peut contracter la chlamydia de l’équipement au gymnase?
Non, on ne peut pas attraper la chlamydia en utilisant de l’équipement de sport au gymnase. Comme pour un siège de toilette, la bactérie ne survit pas sur des surfaces sèches comme un rameur, un banc de musculation ou des haltères. De plus, la peau qui entre en contact avec l’équipement n’est pas un endroit où la chlamydia peut survivre.
Est-ce qu’on peut contracter la chlamydia en buvant dans le verre de quelqu’un?
Non, on ne peut pas attraper la chlamydia en buvant dans le verre de quelqu’un. Il n’y a pas de potentiel de transmission puisque les conditions de base ne sont pas réunies.
Est-ce qu’on peut contracter la chlamydia d’un jouet sexuel?
Oui, il est possible d’attraper la chlamydia via un jouet sexuel. Contrairement à un siège de toilette, un verre ou un appareil de gym, un sextoy est utilisé directement dans un contexte sexuel, ce qui permet aux sécrétions infectées de rester sur l’objet (dildo, vibrateur, manchon anal, etc.). De plus, des micro-traumatismes causés par l’usage du jouet peuvent augmenter le risque de transmission.
Les jouets sexuels ne devraient pas être partagés, mais si c’est le cas, le risque peut être réduit en utilisant un condom ou une digue dentaire sur le jouet, et en le changeant entre chaque partenaire. Pour en savoir plus sur une utilisation sécuritaire des jouets sexuels, cet article peut être utile.
Est-ce que la chlamydia est gratuite à traiter au Québec?
Oui, le traitement antibiotique pour la chlamydia est gratuit au Québec pour les personnes infectées et leurs partenaires sexuel·les, grâce au programme de gratuité des médicaments pour les ITS offert par la RAMQ. Pour obtenir les médicaments, vous devez d’abord consulter un·e professionnel·le de la santé pour obtenir une ordonnance, puis la présenter avec votre carte d’assurance maladie valide à votre pharmacien·ne.
Est-ce qu’on peut contracter la chlamydia en donnant du sexe oral?
Oui, la chlamydia peut se transmettre lors d’une relation orale. La chlamydiose peut se transmettre lorsqu’une personne atteinte de cette infection à la bouche ou à la gorge a une relation sexuelle orale avec une autre personne, ou encore lorsqu’une personne a une relation sexuelle orale avec une personne atteinte de chlamydiose aux organes génitaux ou à l’anus. La chlamydiose se transmet facilement durant les contacts bucco-péniens (bouche sur pénis) sans condom. La chlamydiose peut également se transmettre par contact bucco-vaginal ou bucco-anal (anulingus ou rimming) si une digue dentaire n’est pas utilisée, quoique cette voie de transmission soit moins fréquente.
Chez Prelib, on propose un test autonome et discret pour dépister la chlamydia dans la gorge, grâce à un coton-tige. Dans le cas où le test est positif, le traitement par antibiotiques est efficace.
Est-ce qu’on peut transmettre la chlamydia si on est asymptomatique?
Oui, il est possible de transmettre la chlamydia même sans symptômes. L’infection reste bien présente dans le corps et peut se propager lors de relations sexuelles. C’est ce caractère asymptomatique qui la rend particulièrement insidieuse. D’où l’importance du dépistage régulier, qui demeure la seule façon de s’assurer qu’on est réellement indemne et de protéger à la fois sa santé et celle de ses partenaires.
Est-ce qu’on peut contracter la chlamydia dans l’œil?
Oui, la chlamydia peut parfois toucher l’œil. Cette forme, appelée conjonctivite à chlamydia, survient lorsqu’il y a un contact direct avec des fluides génitaux infectés ou lorsque des mains non lavées après un rapport sexuel à risque portent la bactérie à l’œil. Les symptômes incluent généralement des rougeurs, des douleurs, des écoulements et des démangeaisons. Heureusement, cette infection se traite efficacement avec des antibiotiques oraux ou topiques, et disparaît dans la majorité des cas en quelques semaines.
Est-ce que la chlamydia peut causer de l’infertilité?
Oui, dans de rares cas, la chlamydia non traitée peut causer de l’infertilité, autant chez les femmes que chez les hommes. Chez les femmes, elle peut évoluer en maladie inflammatoire pelvienne, entraînant des dommages aux trompes de Fallope et augmentant le risque de grossesses ectopiques ou d’infertilité. Chez les hommes, elle peut provoquer une inflammation de la prostate ou des testicules, ce qui peut également affecter la fertilité. Ces complications n’apparaissent pas du jour au lendemain : elles peuvent prendre des mois, voire des années à se développer. C’est pourquoi le dépistage régulier et un traitement rapide sont essentiels pour éviter ces conséquences à long terme.
Est-ce qu’on peut avoir la chlamydia plus qu’une fois?
Oui, on peut attraper la chlamydia plusieurs fois, car le corps ne développe pas une immunité permanente contre cette infection. Une nouvelle infection peut survenir si vous avez des rapports sexuels non protégés avec un·e partenaire infecté·e ou si vos partenaires ne sont pas traité·es en même temps que vous. Il est donc important de se faire dépister régulièrement et de s’abstenir de rapports sexuels jusqu’à la fin du traitement, y compris pour les partenaires.
Est-ce que les tests pour la chlamydia sont compliqués et douloureux?
Non, les tests pour la chlamydia sont simples et sans douleur. Ils consistent normalement en un échantillon d’urine et un prélèvement avec un coton-tige aux sites exposés par les activités sexuelles (tels que le vagin, l’anus et la gorge).
Est-ce qu’on doit avoir des symptômes pour se faire tester pour la chlamydia?
Non, il ne faut pas attendre d’avoir des symptômes pour se faire tester pour la chlamydia. Comme mentionné plus haut, la majorité des cas de chlamydia sont asymptomatiques, mais peuvent avoir des conséquences à long terme si non traités. Il est donc important de se faire dépister régulièrement.
Est-ce qu’il faut attendre avant de se faire tester pour la chlamydia?
Non, après une situation à risque, il est recommandé de se faire dépister rapidement pour la chlamydia, mais aussi pour d’autres ITSS selon le contexte. Toutefois, il faut tenir compte de la période fenêtre : c’est le délai pendant lequel l’infection peut déjà être là, mais rester invisible aux tests. Pour la chlamydia, cette période est d’environ 14 jours. Autrement dit, un test fait deux semaines après l’exposition sera beaucoup plus fiable.
L’important est de bien remplir le questionnaire médical pour s’assurer de passer les tests appropriés à sa situation et avoir un suivi optimal.
